Hugo, pourriez-vous nous parler de votre parcours en tant qu'ébéniste engagé et de ce qui vous a inspiré à fonder L'Atelier Delavelle ?
Je suis né en 1984, j’ai commencé par apprendre le tournage sur bois étant enfant, j’ai passé un CAP ébéniste en 2001 puis j’ai fait un Tour de France avec les Compagnons du Devoir. Durant ce Tour de France j’ai pu travailler dans une dizaine d’entreprises en France et en Suisse et l’immense majorité de ses entreprises ne fabriquait plus de meuble, en tout cas pas en bois massif mais en panneaux, la majorité faisait de l’agencement. Il y avait de riches savoir-faire d’ébénisterie dans ces entreprises mais ils disparaissaient lentement, étaient remplacés par les savoir-faire de l’agencement. Ce constat était amer et je constatais que l’innovation et le design étaient absents de ces entreprises et j’ai alors décidé de miser sur le design. J’ai donc fait des études de design artisanal en Allemagne et je suis revenu en France en 2009 pour créer mon entreprise. Je travaillais dans un petit atelier d’une trentaine de mètres carrés aménagé dans le sous-sol de la maison de mes parents, aujourd’hui l’entreprise a bien grandi et on est une quinzaine de collaborateurs.
Qu'est-ce qui vous a poussé à collaborer avec Pierre Dubourg pour créer la collection Ostal ? Était-ce l'attrait du design inspiré par les auberges catalanes ou y avait-il d'autres motivations ?
Je connaissais un peu le travail de Pierre et son travail dans le mobilier me parlait. Nous nous sommes rencontrés dans le cadre d’un Speed Dating Design organisé par le French Design (VIA) et je lui ai proposé de dessiner une table pour Delavelle®. Il m’a rapidement proposé la table et le banc OSTAL, le côté populaire de la table de ferme m’a tout de suite plu, on a travaillé sur la conception, revu quelques détails, et rapidement on s’est mis d’accord sur le design et on a pu fabriquer les prototypes et le développement.
La collection Ostal combine chêne massif et métal patiné noir. Comment avez-vous et Pierre Dubourg réussi à harmoniser ces matériaux pour refléter l'héritage et la modernité ?
Le design la collection OSTAL a en soit une modernité qui tranche avec l’archétype de la table de ferme tout en affirmant une filiation assumée à ce meuble d’antan et en gardant son aspect convivial et rassurant. Le bois massif et les assemblages traditionnels de l’ébénisterie contraste avec le tube métallique qui est proposé en différentes finitions telles que patiné noir, laqué noir, blanc ou tout autre couleur personnalisée sur demande. Les détails de cette fabrication soignée tels que le fraisage parfaitement ajusté qui permet l’assemblage du tube métallique dans la traverse en bois massif et les bouchons en bois gravés qui s’intègrent dans les extrémités du tube donnent à l’alliance des deux matériaux quelque chose de symbiotique.
Comment la collection Ostal incarne-t-elle vos valeurs d'éco-conception et de durabilité, et pourquoi ces éléments sont-ils essentiels pour vous et votre entreprise ?
Le chêne massif de la table et du banc Ostal est écocertifié PEFC, le bois provient de forêts locales gérées durablement et situées dans un rayon moyen maximum de 15 km autour de notre atelier. Le bois est scié directement chez nous dans notre propre scierie et il est séché naturellement. Matériaux naturels, renouvelables et/ou recyclables, écoconception, démontabilité pour stockage et transport à plat optimisée, qualité de fabrication, durabilité et réparabilité, etc., tout est mis en œuvre pour minimiser l’impact environnemental comme pour l’ensemble de nos meubles. C’est une évidence, un moteur, la raison d’être de chacun de nos meubles, de notre marque et de notre entreprise.
En tant qu’ancien de l'Incubateur French Design, pensez-vous que la collection Ostal pourrait redéfinir la perception du mobilier artisanal en France ?
Le French Design Incubateur nous offre un accompagnement et des outils pour réussir une collaboration fabricant / designer. Il nous permet également d’échanger et de rencontrer des confrères et designers également engagés dans ce type de collaboration. Je ne pense pas, je ne sais pas si Ostal pourra redéfinir la perception du mobilier artisanal en France. Je ne souhaite pas opposer mobilier artisanal et mobilier fabriqué industriellement. Si Ostal pouvait participer avec l’Incubateur, parmi toutes les actions des acteurs de notre filière, avec le French Design, avec l’Ameublement Français, à faire prendre conscience aux consommateurs de la nécessité de relocaliser nos achats, de soutenir le fabriqué en France, de faire le choix de la qualité, du durable, du réparable, du circulaire et d’un peu moins regarder le court terme et le prix ça sera déjà une immense satisfaction.
Pourriez-vous nous expliquer l'importance des assemblages traditionnels comme le tenon-mortaise dans la création d'Ostal, et en quoi ces techniques influencent-elles la qualité finale des meubles ?
L’assemblage à tenon mortaise est un assemblage traditionnel éprouvé depuis des siècles, bien avant que la colle à bois que l’on connait aujourd’hui n’existe. Comme de nombreux assemblages traditionnels il est très résistant sans colle. Une cheville était parfois utilisée pour sceller l’assemblage mais cela pouvait rester démontable et traverser les siècles. La plupart du temps, dans nos meubles, ces assemblages traditionnels sont cachés, ils sont le squelette invisible du meuble, ils lui apportent sa stature, une durabilité et une réparabilité hors pair mais ils ne se voient pas, on a à cœur de les mettre en œuvre car on veut mettre sur le marché des meubles durables et intemporels qui se transmettent de génération en génération, qui traversent le temps. Pour la table et le banc Ostal, Pierre a dessiné les tenons débouchant à travers les pieds, l’ajustage doit donc être encore plus précis car il se voit de part en part. L’assemblage est alors gage de qualité mais devient également un élément ornemental distinctif, fruit de la rencontre du design et du savoir-faire traditionnel.
Quels défis avez-vous rencontrés en intégrant vos processus artisanaux à une approche de design contemporain, et comment les avez-vous surmontés ?
On s’est très vite compris avec Pierre et la conception et le développement ont été rapide et assez simple à réussir. Le principal défi reste d’arriver à mettre en face du produit des marchés et des clients, de répondre à leurs attentes et à leurs besoins pour rendre possible le succès commercial espéré par le designer et le fabricant.
Pour plus d'informations : https://delavelle-design.fr/